Tôru Uemastu, le directeur marketing de Nikon pour l’europe, vient de donner une interview à l’occasion de la Photokina.
Je trouve que cette interview recelle de petites infos distillées « à la japonaise » tout en finesse… morceaux choisis et décryptage 
« À Tokyo, dans notre siège social, nos ingénieurs réfléchissent à des solutions pour la stéréoscopie, mais également sur d’autres nouvelles technologies », « Je ne suis pas du côté des ingénieurs. Toutefois je ne pense pas que le 3D soit une priorité pour nous. Si je devais dire oui ou non, je dirais non »
Comprendre : la 3D est intéressante, Nikon y travaille, mais ce n’est pas près et d’autres innovations sont plus urgentes (plus avancées donc). Ceux qui veulent un APN 3D prennent autre chose que du Nikon, ou attendent
« Nous sommes en train de tester ces différentes possibilités et notamment le miroir semi-transparent à Tokyo. Il y a des avantages et des inconvénients. Nous allons choisir la meilleure solution. Peut-être n’allons-nous pas suivre les exemples qui existent chez nos concurrents. Il existe peut-être des solutions différentes »
Comprendre : Il faut enlever « peut-être ». Nikon va amener un « mirorless » sur le marché, les choix techniques différents sont (ou ont été) envisagés, ils vont faire autrement que le miroir semi-transparent. Ne me demandez pas comment, hein ?
« Nous avons déjà commencé le développement d’un tel appareil et nous l’appelons la nouvelle génération d’appareils numériques. Oui, nous travaillons dessus. Mais regardez le marché. Je suis le responsable pour le marché européen, nous avons d’excellents résultats sur le segment du reflex. »
Comprendre : Nikon est en pleine bourre sur le reflex, ne veut en aucun cas tuer la poule aux oeufs d’or. Développer un système compact mal positionné serait potentiellement dangereux pour les ventes de reflex. Un système compact est donc bien en développement (confirmé dans d’autres interviews de toute façon), mais il faut avancer avec prudence et réflexion. C’est une « nouvelle génération d’apn » pas un remplacement de ce qui existe, ça doit être compris comme tel par les clients. Ceci pourrait accréditer la thèse du système compact sur un format de capteur plus petit que l’aps-c… je connais un pixeliste qui va rigoler s’il lit çà
« En Europe, le marché des ces nouveaux appareils ne représente que 5 à 6% du total. Au Japon, ce marché représente déjà 20% : il y a déjà un écart très important, et les Européens semblent plus conservateurs. Nous devons vendre ces appareils dans le monde entier, nous devons prendre en compte le marché global et décider quand lancer ce type de produits »
Comprendre : Propos tout en nuance, qui indique deux choses. Nikon Japon pousse fort, car localement la pression du marché local est forte, 20% en 2 ans c’est énorme. Dans le reste du monde, il est urgent d’attendre… L’autre info que ça donne, c’est que ça doit bastoner grave dans les réunions internes en ce moment
Au sujet du Fuji X100 « C’est un très joli boîtier, traditionnel comme un Leica M9 par exemple. C’est une optique fixe 35 mm (eq. 24X36) non ? Je ne devrais pas critiquer les boîtiers de la concurrence. C’est une bonne chose d’élargir le marché avec de nouveaux produits et je suis très content que Fujifilm arrive sur le marché avec un tel appareil »
Comprendre : j’adore cette phrase, tout y est. Un peu de fauderchie et même un peu de condescendance. En clair : Nikon ne croit pas à ce type de produit, pas avec une focale fixe en tout cas. C’est un produit de niche, qui concerne les acteurs de niche, ce qui n’est pas leur cas. Donc il n’y a probablement rien dans les cartons dans ce sens. Ca ne va pas plaire à d’autres pixelistes
La partie sur les pixels est extrèmement intéressante. Ce qui me fait très plaisir, c’est qu’il dit exactement la même chose que les propos que j’ai pu tenir et plein d’occasions… décryptage :
« C’est quelque chose que nous devons prendre en compte. Pour les débutants, le nombre de pixels est important et sur un linéaire, la définition du capteur peut faire la différence »
Comprendre : les produits de volumes se vendent à des gens qui veulent des pixels, Nikon va leur en donner. La pixelrace n’est pas terminée…
« Pour les photographes experts ou professionnels, la définition n’est pas forcément un critère de choix. Je connais des professionnels qui me disent que 12 Mpx suffisent. Bien sûr pour le studio ou la reproduction d’art, il faut beaucoup de pixels, mais c’est un segment très particulier », « Avec le D3s, nous avons voulu faire passer un message fort aux professionnels. Ce boîtier n’a que 12 Mpix, mais une excellente gestion du bruit électronique et il a été très bien accepté. »
Comprendre : j’adore… c’est exactement ce que je (et plein d’autres) dis depuis des mois… ceux qui savent à quoi servent les pixels demandent aussi autre chose… manifestement, Nikon reste dans cette logique, chouette !
Sur le fait que les boitier d’entrée de gamme aient plus de pixels que les hauts de gamme : « Oui, vous avez raison. Dès qu’un produit est lancé, de nouveaux développements démarrent et le marché du numérique impose un renouvellement de gamme rapide sur certains produits et notamment les entrées de gamme. Mais la qualité d’une image n’est pas qu’un nombre de pixels et un reflex est un ensemble de technologies qui évoluent »
Comprendre : Rien n’interdit de ne pas alimenter la pixelrace en haut de gamme, si c’est pour offrir d’autres caractéristiques que les clients de ces produits sauront apprécier, ozizos et dynamique notemment. Mine de rien, tous les dirigeants de Nikon interrogés depuis 2 ans sur le sujet font la même réponse. Pourvu que ça dure ! (et ça laisse augurer de choses probablement très sympa en terme de bruit et sensibilité sur les futurs produits haut de gamme, ce que je dis depuis longtemps aussi).
Au sujet de la sensibilité : « C’est une demande des professionnels et nous sommes à leur écoute. Alors oui, nous travaillons dans ce sens, mais les autres constructeurs aussi. Les limites ne sont pas encore atteintes »
Comprendre : Nikon a dans ses cartons de nouvelles innovations en matière de sensibilité et gestion du bruit, ces innovations vont arriver prochainement sur les produits haut de gamme, parceque les « pros » le demandent et comme les limites ne sont pas encore atteintes, ça risque d’être spectaculaire. Chouette !
« Nous avons déjà travaillé avec des capteurs BSI CMOS sur des compacts et des bridges. Mais pour des capteurs plus grands, je ne sais pas, je ne suis pas du côté technique. Vous devriez poser la question à un de mes collègues«
Comprendre : superbe bottage en touche. En clair : Sony ne sait pas encore produire de capteur rétro-éclairé de grande taille, si ça doit arriver, ce n’est pas pour maintenant. Ce qui signifie que Nikon va lancer le prochaine génération « pro » sur une autre technique que celle-çi… relisez mon post sur Advina
Au sujet des viseurs électroniques : « C’est très intéressant, mais pour l’instant nos clients préfèrent les viseurs optiques. J’ai essayé ces viseurs et quand on se déplace vite, l’affichage ne suit pas correctement. Dans un futur proche, nous aurons peut-être des viseurs électroniques plus performants. C’est une option naturellement. Si plusieurs fabricants utilisent cette technologie, elle deviendra de moins en moins chère et deviendra encore plus intéressante.
Comprendre : pas besoin de décrypter, tout est en clair… Les clients reflex veulent des viseurs optiques, les EFV sont mauvais et coutent trop cher. Là aussi, c’est pas pour tout de suite chez Nikon. Il est donc probable que le futur système compact Nikon soit doté d’un videur optique et pas électronique.
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